EMBARQUEMENT


©Nina Reumaux




Ce n'est plus une caravane, c'est la cale intime d'un navire en bois transformée en salle obscure et cabaret de poche. 
Ciné-concert ? 
Oui, mais venu d'ailleurs. Sur l'écran (les écrans), des images défilent et s'évadent, se diluent comme des bulles, flottent dans des chapiteaux imaginaires où d'étranges créatures inventent des numéros renversants. 
La caravane tremble d'emblée comme un bus africain et deux hurluberlus mènent la danse avec des allures de sorciers survoltés : Bastien et Thomas sont musiciens, oui, totalement, mais aussi hommes-écrans, projectionnistes, acteurs du numéro à suivre, mi-clowns mi-freaks, capables de disparaître d'un coup pour mieux exploser l'instant d'après. Rythme de feu, plages de calme, de poésie, vite balayées. Dans cet espace si restreint, le spectateur est au contact direct, charnel, de cette plongée hypnotique. 

Les films créés pour CLAP par Vincent Capes et Éric Minette, deux réalisateurs complices, imposent peu à peu une forme de douceur, de rêverie et les deux musiciens jouent les magiciens fous. Instruments préparés, détournés, parfois même créés pour l'occasion, le duo porte et sublime les images qui défilent, changent d'écran, parfois même se promènent à 360°, alterne petites musiques foraines, bruitages lancinants, rythmes chauffés à blanc. 
Une demi-heure plus tard, juste après le saut de l'homme-canon à travers l'écran, on a perdu le fil du temps, on reprend souffle, aux anges. 
Et on essaie de retrouver le fil de ce fleuve bouillant d'images et sons parfois proches du délire, chaque fois strictement maîtrisés. 
Un ciné-concert ? 
Oui, mais tombé du ciel. Enlevé, émouvant, résolument contemporain et par moments empreint de nostalgie, CLAP est une sarabande jubilatoire, un hommage décapant au cirque et à ses magies.